Psychiatre ou psychologue, comment choisir ?

Quelle est la différence entre un psychiatre et un psychologue? Il n’est pas toujours facile de savoir le quel de ces deux professionnels il convient de consulter. Souvent confondus dans l’étiquette « psy », ces deux professions sont néanmoins différentes. Essayons donc d’y voir plus clair afin de vous aidez à vous orienter dans vos choix.

.

Psychiatre et psychologue: des formations différentes

Le Psychologue

Un psychologue est titulaire d’un Master 2 (ou d’un DESS) de psychologie. Il a fait au moins 5 ans d’étude à l’université. Il existe de nombreuses spécialisations en psychologie en fonction des tranches d’âge (psychologue pour enfant, spécialiste des troubles du vieillissement…), d’un champ d’activité (psychologue du travail, psychologue scolaire, tests psychologiques…), etc.

Lorsqu’ils font des psychothérapies, les psychologues sont souvent formés également à une forme de psychothérapie (psychanalyse, thérapies cognitivo-comportementales, systémie etc.)

En France, le titre de psychologue est protégé et reconnu par l’État depuis 1985.

.

Le Psychiatre

Un psychiatre est un médecin qui a fait une spécialisation en psychiatrie. Il a fait un cursus médical général pendant 6ans puis 4ans de spécialisation en psychiatrie.

Par rapport à un médecin généraliste, le médecin-psychiatre est donc spécialement formé à établir un diagnostique et à prescrire des médicaments psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, somnifères etc.)

La psychiatrie en tant que discipline s’est constituée en France au cours du XIXème siècle lorsqu’elle s’est séparée de la neurologie avec l’école de Charcot à la Pitié-Salpêtrière.

.

Psychiatre ou psychologue telle est la question

.

Différences entre psychiatre et psychologue

Psychiatres et psychologues sont des professions différentes et complémentaires.

Le psychiatre est un médecin, qui a fait une spécialité alors que le psychologue a fait des études de psychologie. Le psychiatre peut prescrire des médicaments psychotrope ce qui est important dans les suivis de troubles graves.

A l’inverse, le psychologue utilise la psychothérapie pour aider ses patients ce qui n’est pas le cas de tous les psychiatres.

.

Quand faut-il consulter un psychiatre?

a) Dans les troubles psychiatriques graves

Dans un certain nombre de situations, il est très recommandé de consulter un psychiatre. C’est notamment le cas pour les maladies psychiatriques « graves » dans lesquelles le rôle médical est essentiel : schizophrénie, maniaco-dépression, psychose, démence du grand âge, trouble envahissant du développement, autisme…

Le psychiatre a alors un rôle de coordination des soins: il se met en lien avec les différentes institutions, peut proposer une médication si besoin, ou une hospitalisation en cas de décompensation.

Le psychiatre peut être en libéral ou travailler en institution. Dans le cas de trouble grave chez l’enfant (autisme, trouble envahissant du développement, etc.), il est préférable d’être suivi par une institution: cmp, cmpp, hôpital de jour, etc. Chez l’adulte, la prise en charge passe plus souvent par un psychiatre en libéral.

.

b) Lorsque la question d’un traitement médicamenteux se pose

Contrairement à une idée reçue, le psychiatre n’est pas un pourvoyeur de médicament. Au contraire, en moyenne, ils ont tendance à moins prescrire de psychotropes que les médecins généralistes (il s’agit là bien sûr d’une généralité, chaque professionnel est différent). De plus, ils ne prescrivent que des psychotropes, ils en connaissent donc bien les effets secondaires, savent mieux quand ils ne sont pas nécessaires et quand arrêter un traitement que des médecins généralistes (qui, comme leur nom l’indique, sont généralistes).

Dans le cas de la dépression en particulier, il est donc utile de consulter un psychiatre pour savoir s’il faut, ou non, initier un traitement médicamenteux.

Autre point essentiel: si vous êtes sous antidépresseur ou anxiolytique, il est important de ne pas arrêter votre traitement de vous-même mais de vous adresser au professionnel qui a initié le traitement ou d’aller consulter un psychiatre. En effet, l’arrêt d’un traitement doit être progressif car il peut y avoir des effets de sevrage: il ne s’agit pas de faire comme dans les séries américaines et de jeter toutes les pilules dans les toilettes…

.

c) Lorsqu’un risque suicidaire existe

Lorsqu’un risque suicidaire existe (dans le cas de la dépression sévère ou dans des troubles dits limites par exemple), le rôle du psychiatre est essentiel. En effet, il convient d’évaluer le risque de passage à l’acte et de discuter avec le patient d’une éventuelle hospitalisation lorsque le risque devient trop élevé. Le psychiatre pourra, dans ce cas, se mettre en lien avec l’hôpital (parfois, il y travaille lui-même une partie de la semaine) afin que l’hospitalisation s’inscrive dans une continuité de soin. L’hôpital est alors pensé comme un « filet de sécurité » qui permet d’éviter un passage à l’acte (ce qui est rassurant même si l’on n’a pas besoin d’y avoir recours) et qui n’est pas coupé du reste de la prise en charge.

De la même façon, dans les suivi de patients anorexiques pour lesquelles il peut être parfois nécessaire de recourir à une hospitalisation (lorsque la survie du patient est en jeu), le rôle du psychiatre est là encore essentiel: il coordonne une prise en charge pluridisciplinaire (nutritionniste, psychologue, institution de soin, etc.) et passe un « contrat de soin » permettant de clarifier les situations dans lesquelles une hospitalisation devient inévitable.

.

Consulter un psychiatre ET un psychologue

Dans de nombreux suivis, on conseillera de consulter un psychiatre Et un psychologue. Dans ce cas, les rôles sont bien différenciés: le psychiatre coordonne les soins, suit le traitement médicamenteux, tandis que le psychologue effectue la thérapie. Le psychiatre n’a pas alors un rôle de thérapeute, ses séances sont souvent plus courtes et sont plus « globales » que celles du psychologue ou du psychothérapeute. Le rythme des séances avec le psychiatre est également plus espacé.

C’est par exemple le cas dans les suivis pour dépression chez l’adulte, dans les troubles du comportement alimentaire, pour les troubles psychiatriques, etc. Le patient verra, par exemple, son psychiatre tous les mois ou tous les deux mois pour faire le point sur les suivis ou sur un éventuel traitement et son psychologue toutes les semaines ou toute les deux semaines dans le cadre d’une psychothérapie.

Si le patient l’autorise, le psychologue et le psychiatre se mettront en lien régulièrement afin de coordonner les soins et de ne pas créer des espaces totalement séparés.

.

Consulter un psychiatre OU un psychologue

Évidemment, si les choses étaient aussi claires se serait trop simple… Parfois la frontière entre le rôle du psychiatre et du psychologue est plus ténue. En effet, de nombreux psychiatres sont également thérapeutes. C’est en particulier le cas des psychiatres qui sont psychanalystes. En plus de leur formation de médecin-psychiatre, ils ont fait une formation pour devenir psychanalyste.

Dans ces cas, le travail auprès d’un psychiatre-psychanalyste ou d’un psychologue-psychanalyste sera finalement assez proche. Il s’agit de venir régulièrement pour effectuer un travail autour de son histoire, de son ressenti.

La question se pose alors: comment choisir?

.

Faut-il aller voir un psychiatre ou psychologue pour faire une thérapie?

Il n’y a malheureusement pas de réponse toute faite à cette question. On peut toutefois donner quelques critères pour guider votre choix:

Les psychologues étant plus nombreux, vous aurez souvent plus de choix quand au type de thérapie pratiquée (tcc, psychanalyse, hypnose etc.), l’attente est souvent moins longue, les séances durent souvent un peu plus longtemps (45mn au lieu de 30mn en moyenne).

Par contre, les séances chez les psychiatres en secteur 1 sont remboursées intégralement par la sécurité sociale, ce qui n’est pas le cas des psychologues. A Paris, toutefois, la plupart des psychiatres sont en secteur 2 ce qui fait qu’une part importante du coût de la séance peut être à la charge du patient s’il n’a pas une bonne mutuelle.

Si vous pensez que vous n’aurez pas les moyens de payer pour une thérapie, il peut ainsi être utile de consulter une institution: les cmp pour adulte, par exemple, permettent de faire une psychothérapie entièrement prise en charge par la sécurité sociale (mais il peut y avoir un délais d’attente plus ou moins important).

.

D’une manière générale, je pense que la question est plus de savoir comment choisir un thérapeute qu’il soit psychiatre ou psychologue.

Pour choisir un thérapeute, on conseille de prendre rendez-vous avec plusieurs professionnels afin de choisir celui avec lequel on souhaite entamer une thérapie. Si la question du type de thérapie pratiquée peut être importante, elle compte au final bien moins que le lien qui s’établit avec telle personne. Parfois, certaines personnes « accrochent » avec un tel professionnel et pas d’autres. Il ne faut pas hésiter à changer de thérapeute si l’on sent que l’on n’est pas en confiance ou si l’on se sent jugé.

Pour finir, on déconseillera également de consulter le même thérapeute qu’un membre proche de sa famille (parent, frère, sœur…) car cela risque vite de poser des problèmes de rivalité et de rapport au secret.

.

Comment choisir? Notre tableau récapitulatif

 

psychologue

psychiatre

Remboursement

  • Remboursement partiel par certaines mutuelles

  • Secteur 1 : remboursement total par la sécurité sociale

  • Secteur 2 (dépassement d’honoraires) : Remboursement partiel selon la mutuelle

  • Souvent, les psychothérapies ne sont pas remboursées (psychanalystes)

Temps d’attente

  • Court

  • Long

Choix

  • Grand nombre de professionnels

  • Il peut être intéressant de rencontrer plusieurs psychologues avant de démarrer une thérapie

  • Professionnels moins nombreux

  • Parfois approche exclusivement médicamenteuse

Médicaments

  • Ne peut pas prescrire de médicaments

  • Peut prescrire des médicaments (antidépresseurs, somnifères, neuroleptiques…)

Thérapies

  • Formés aux psychothérapies

  • Propose rarement des psychothérapies

Type de troubles

  • Spécialiste des maladies mentales (schizophrénie, mélancolie, autisme …)

.

Conclusion: psychiatre et psychologue, des indications différentes

Pour conclure, le rôle du psychologue et du psychiatre est facilement différentiable lorsque le psychiatre a un rôle « médical » ou de coordination des soins.

Lorsque le psychiatre a un rôle de thérapeute, les choses sont moins claires, votre choix peut alors dépendre de différents critères (attente, critère financier, etc.) mais s’inscrit d’une manière plus générale dans la question du choix du thérapeute.

Psychiatre, préconisé quand :

  • Vous souffrez d’un trouble grave (psychose, troubles bipolaires, etc.)
  • Vous avez besoin d’un suivi médicamenteux
  • Il existe un risque suicidaire
  • Vous ne souhaitez pas faire de psychothérapie

Psychologue, préconisé quand :

.

Pour en savoir plus: petit résumé des différences entre psychologue et psychiatre par la chaîne 60 secondes de Psy:

.

Bibliographie:

Pour ce qui souhaitent aller plus loin, voici une série d’articles sur la question qui sont librement consultables sur Cairn (la principale bibliothèque en ligne pour les ouvrages en sciences humaines):

  • Landreau, Clémence. « Les psychiatres et les psychologues vus par les étudiants en psychologie et les internes en psychiatrie », L’information psychiatrique, vol. volume 92, no. 8, 2016, pp. 687-692.
  • Maleval, Jean-Claude. « De l’extension du champ « psy » et de ses clivages », Cliniques méditerranéennes, vol. no 71, no. 1, 2005, pp. 233-247.
  • Sahli, Christophe, et al. « Psychiatrie et psychothérapie : quid ? », Psychothérapies, vol. vol. 26, no. 3, 2006, pp. 167-173.
  • Van Effenterre, Aude, et al. « Psychiatres… et psychothérapeutes ? Conceptions et pratiques des internes en psychiatrie », L’information psychiatrique, vol. volume 88, no. 4, 2012, pp. 305-313.
  • Le Maléfan, Pascal. « Pourquoi les psychologues ? », Connexions, vol. no81, no. 1, 2004, pp. 123-137.

.

Autres articles utiles :