Donald Winnicott est une des figures majeures de la psychanalyse d’enfant. Célèbre pour des notions comme le holding, l’aire transitionnelle, le self ou pour son étude du lien entre la mère et son bébé, son œuvre est encore très étudiée et actuelle.
La vie et l’œuvre de Winnicott en quelques dates
1896 : naissance à Plymouth (Angleterre)
1914 : débute des études de médecine
1917 : s’engage comme médecin militaire dans la marine britannique
1923 : Il débute une psychanalyse avec James Strachey
1931 : Publication de Clinical Notes on Disorder of Childhood
1935 : Devient membre de la Société britannique de psychanalyse
1935 : Débute une supervision avec Melanie Klein
1939 : Participe à une série d’émissions à la BBC (1939-1962)
1956 : Devient président de la Société britannique de psychanalyse (1956-1959 puis 1965-1968)
1951 : Publication de « Transitional Objects »
1957: Publication de The Child and the Family
1958: Publication de Collected Papers: Through Paediatrics to Psycho-Analysis
1971 : Décès à Londres (Angleterre)
Concepts et théories
L’oeuvre de Winnicott est foisonnante et plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord.
Issue des théories kleiniennes, elle s’en écarte pour explorer ses propres voies: le lien entre la mère et son enfant, le développement du Self, le rapport au jeu et à la créativité, le rapport au corps…
Voici une série d’article qui explorent certaines notions importantes dans le travail du psychanalyste anglais.
Je suis loin d’avoir fait le tour de la question mais j’essaye de publier régulièrement de nouveaux articles…
La préoccupation maternelle primaire
La préoccupation maternelle renvoie à une dimension essentielle de l’oeuvre de Winnicott: son étude des liens précoces entre la mère et son bébé.
Il décrit un état particulier d’attention, d’accordage et de fusion mère-enfant lors des premiers mois de la vie.
Le holding
Une des notions les plus célèbres dans l’oeuvre de Winnicott.
Terme intraduisible en français, le holding correspond au portage du bébé et à la manière dont la tenue de l’enfant n’est pas une simple pratique physique mais renvoie à la construction d’un lien émotionnel et corporel, conscient et inconscient.
La mère suffisamment bonne
La « good enough mother » est la description d’un lien entre la mère qui n’a pas besoin d’être parfait, au contraire.
La notion de mère suffisamment bonne, plus complexe qu’il n’y paraît, est particulièrement utile de nos jours, à une époque où les idéaux sociaux pèsent sur les mères.
Le Squiggle
Le jeu a occupé une place centrale dans la pratique de Winnicott.
Le squiggle, ou « gribouillage » consiste à dessiner à deux avec l’enfant ne partant d’un gribouilli pour en faire émerger, peu à peu, un dessin bricolé à deux.
Principaux ouvrages
Si Donald Winnicott a publié de nombreux articles, il n’a rédigé qu’un seul livre, La nature humaine, encore en cours de rédaction en 1971 et publié à titre posthume. Ses ouvrages sont donc des recueils qui regroupent des articles, des contributions à de conférences ou encore ses célèbres chroniques radiophoniques données pour la BBC.
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- La Famille suffisamment bonne, Payot, 2010
- La Mère suffisamment bonne, Payot, 2006
- Jeu et réalité, l’espace potentiel, Gallimard, 1975
- La Crainte de l’effondrement, Gallimard, 2000
- De la pédiatrie à la psychanalyse, Payot, 1989
- La Petite « Piggle ». Traitement psychanalytique d’une petite fille, Payot, 1988
- Conversations ordinaires, Gallimard, 1988
- Processus de maturation chez l’enfant, Payot, 1988
- La Consultation thérapeutique et l’enfant, Gallimard, 1979
Quelques citations célèbres de Winnicott
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« Se cacher est un plaisir, mais ne pas être trouvé est une catastrophe ».
Jeu et réalité
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« Pour tirer le meilleur parti des parents, nous devons leur laisser l’entière responsabilité de ce qui les regarde vraiment, l’éducation de leurs propres enfants ».
L’enfant et sa famille
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« [La psychothérapie], c’est de donner à long terme en retour au patient ce que le patient apporte ».
Jeu et réalité
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« La capacité de l’individu à être seul (…) constitue l’un des signes les plus importants de la maturité du développement affectif ».
La capacité d’être seul
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« Les parents sont souvent capables de mieux satisfaire les attentes de leurs enfants que ne l’avaient fait pour eux leurs propres parents. Il existe cependant le danger que, s’ils font mieux que leurs parents au-delà d’un certain degré, ils ne finissent par se reprocher leur propre bonté et par vouloir briser ce qu’ils font si bien. »
La famille suffisamment bonne
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« Un bébé seul ça n’existe pas »
De la pédiatrie à la psychanalyse
Pour aller plus loin:
Émissions et documents audios sur Winnicott
Winnicott : une vie une œuvre
L’émission « une vie, une oeuvre » présentée Martin Quenehen revient de manière claire et agréable sur la vie et l’oeuvre du théoricien de l’objet transitionnel.
Elle rend bien compte du climat de l’Angleterre et des sociétés de psychanalyse du milieu du XXe siècle.
Winnicott, le psychanalyste pour tous
L’émission d’Adèle Van Reeth décrit les principaux concepts de Winnicott. Le regard philosophique de l’émission n’est pas abscons ou obscur du tout mais permet au contraire de mieux comprendre la vision qu’à le psychanalyste de la vie humaine et de son développement.
Une présentation de Winnicott en anglais
La chaine « The School of life » a fait une bonne présentation de la vie de Winnicott. N’hésitez pas à activer les sous-titres si vous ne maîtrisez qu’imparfaitement la langue de Shakespear.
Donald Winnicott à la BBC
Comme Françoise Dolto en France, D.Winnicott a participé à une série d’émissions pour la BBC. En voici un enregistrement (là encore en anglais sans sous-titrage français malheureusement). Les propos sont bine sûr marqués par l’époque mais on ne peut qu’être impressionné par la finesse et l’empathie qui se dégagent de ses réponses.
Pour ce que cela intéresse, d’autres enregistrements sont librement disponibles sur le site de la Clinique psychiatrique d’Oxford.
Sources et bibliographie:
-Articles
Aubourg Frédérick, « Winnicott et la créativité », Le Coq-héron, 2003/2 (no 173), p. 21-30
Bailly Rémi, « Le jeu dans l’œuvre de D.W. Winnicott », Enfances & Psy, 2001/3 (no15), p. 41-45
Jaeger Philippe, « Élaboration sans fin du deuil de l’objet primaire chez Winnicott ou le paradoxe de la séparation », Revue française de psychanalyse, 2001/2 (Vol. 65)
Lehmann Jean-Pierre, « Comment Winnicott a découvert « son » enfant », Figures de la psychanalyse, 2012/2 (n° 24), p. 29-37
Roussillon René, « Le besoin de créer et la pensée de D.W. Winnicott », Le Carnet PSY, 2011/3 (n° 152), p. 40-45
-Ouvrages
Jan Abram, Le Langage de Winnicott. Dictionnaire explicatif des termes winnicotiens, Éditions Popesco, 2001.
M. Davis, M. Wallbridge, Winnicott. Introduction à son œuvre, PUF, coll. « Quadridge », 2002
André Green, Jouer avec Winnicott, PUF, coll. « Bibliothèque de psychanalyse », 2005,
Brett Kahr, Donald Woods Winnicott : Une esquisse biographique, Ithaque, 2018
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-Chapitre d’ouvrages
« Actualité de Winnicott », Journal de la psychanalyse de l’enfant, no 2, vol. 5, 2015, PUF
Auteur/Autrice
Psychologue et psychothérapeute en cabinet libéral et en CMPP, Vincent Joly est professeur à l'université Paris Descartes auprès des étudiants de Master. Il a publié avec Pierre Gaudriault : Construire la relation thérapeutique, prévenir l'abandon précoce des thérapies (éditions Dunond).
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