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Qu’est-ce qu’une compulsion en psychologie?
La compulsion, qualifiée aussi de rituel, est un acte que la personne se sent obligée d’accomplir dans les situations bien précises qui ont provoqué les obsessions. La personne ressent une pulsion quasi irrépressible à le réaliser. On note trois types essentiels de compulsions.
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Les rituels de lavage
Ils répondent aux obsessions de souillure dans des ablutions interminables, répétées, des mains, du corps, des cheveux, des dents et des organes génitaux, par des stations prolongées dans les toilettes et la salle de bain ou par la présence sur soi de lingettes désinfectantes. Le temps passé au lavage peut dépasser 8 heures par jour chez certaines personnes, qui peuvent parfois utiliser des détergents agressifs comme de l’alcool à brûler ou de l’eau de javel. Les rituels de lavage (on utilise également l’expression « toc des laveurs ») s’observent aussi vis-à-vis des obsessions de malheur et religieuses, comme s’il fallait se laver d’une « souillure morale ».
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Les vérifications
Elles consistent à refaire plusieurs fois le geste initial, par exemple la fermeture d’une porte, et donc nécessitent paradoxalement de rouvrir la porte pour s’assurer de la refermer.
On peut aussi « vérifier un lavage », récapituler ses vérifications par des « check-lists » mentales ou écrites, faire, par exemple, des « photographies mentales » consistant à mémoriser l’image d’une action (« je garde à l’esprit que je suis en train de fermer le gaz »).
Ces opérations deviennent alors des rituels mentaux. Le rangement devient aussi disproportionné (alignement par taille décroissante de livres, piles de vêtements « au carré »), la vérification de ce qu’on va jeter à la poubelle peut prendre une heure par jour. La personne peut aussi répéter des gestes sans rien vérifier mais pour avoir la sensation que le geste a été « bien réalisé ». Ainsi, elle peut allumer et éteindre la lumière des dizaines de fois, se lever et s’asseoir de façon répétitive, ouvrir et fermer la même porte sans se préoccuper du nombre de fois où le geste a été réalisé, mais seulement pour avoir l’impression que le geste est « bien fait ». Les rituels de vérification et de rangement sont les actes privilégiés des obsessions d’erreur mais on peut les observer aussi avec les autres thèmes de souillure, d’agression et de superstition.
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Les rituels mentaux
Ce sont des opérations conjuratoires telles que des prières religieuses mais aussi des phrases porte-bonheur (« je t’aime Maman et aussi Papa et Mamie ») répétées plusieurs fois, des récapitulations ou des images mentales. Les rituels mentaux sont les actes privilégiés pour lutter contre les obsessions de malheur et les obsessions agressives mais ils peuvent aussi exister dans les autres formes d’obsessions.
Dans la très grande majorité des cas, les personnes souffrant de TOC se rendent compte de la démesure de ces compulsions qui apaisent momentanément leur anxiété.
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Compulsions et évitement dans les tocs
Une autre action est utilisée dans le TOC pour lutter contre l’alarme obsessionnelle et son cortège de ruminations anxieuses : éviter les situations déclencheuses.
Éviter de toucher quoi que ce soit censé être sale, d’inviter ou d’introduire quelqu’un chez soi, mais aussi laisser son conjoint s’occuper des vérifications habituelles de la vie domestique pour éviter de devoir le faire soi-même… Éviter aussi toute source d’obsession de malheur, tels le cimetière, l’hôpital, le journal télévisé, la lecture des journaux. Éviter les situations potentiellement dangereuses telles que les quais de gare ou de fleuve, les ponts, parapets, balcons, couteaux, ciseaux, hache, tournevis, jusqu’à refuser de rester seul en présence d’un être faible en particulier d’un bébé. Ces évitements contribuent à perturber considérablement la vie et apportent des paradoxes saisissants. Ainsi, la personne peut se retrouver dans un état de saleté important alors qu’elle évite tout contact avec la saleté extérieure. En effet, elle évite totalement de se laver car elle sait que tout lavage sera irrémédiablement interminable. Elle peut aussi vivre au milieu de détritus, de peur de jeter par erreur des documents importants.
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Source :
Cet article est tiré de l’ouvrage de Christophe André: Conseils de psys, 2013,p.338-339