Crise d’adolescence: définition
On parle de crise d’adolescence ou plus couramment de « crise d’ado » pour désigner l’ensemble des troubles et comportements difficiles (sautes d’humeur, attitudes de défi, opposition aux parents, comportements excessifs…) qui surviennent parfois lors de cette période de transition entre enfance et âge adulte.
On utilise la notion crise car le passage (même d’un point de vue développemental) entre l’enfance et l’âge adulte n’est pas linéaire. La puberté entraîne des changements (corporels, hormonaux, psychiques et même neurologiques) importants. Cette mutation rapide et en soi un phénomène violent comme le notait, dès les années 50, Donald Winnicott. L’adolescent perd les repères de l’enfance. il peut le vivre douloureusement et l’exprimer à travers différents modes d’expression regroupés autour de la notion de crise d’adolescence.
Des comportements extrêmes parfois sur-médiatisés
Cette période peut être vécue par beaucoup de parents et d’adolescent comme une période de crise, anxiogène et difficile à surmonter. La « crise » adolescente peut se manifester par des comportements extrêmes : fugues, mise en danger (alcool, drogue, anorexie…), violence tournée vers les autres (délinquance, jeux dangereux) ou retournée contre soi-même (tentative de suicide). Ces comportements et leur sur-représentation médiatique sont très anxiogènes pour les familles mais ils sont loin d’être majoritaires. Tous les ados n’entrent pas « en crise », et le monde des médias a parfois tendance à confondre toute une classe d’âge avec des comportements extrêmes mais minoritaires.
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Adolescence: une période de régression
Le bouleversement corporel de l’adolescence est aussi intense que celui que connaît le petit enfant sur plusieurs années.
Pour les psychanalystes, cette période réactive les mouvements pulsionnels de la petite enfance. Affronter l’inconnu que représente la bascule dans un corps et un monde adulte s’accompagne souvent d’une régression, liée au besoin de retrouver la sécurité des modes de pensée enfantins face au sentiment de perdre ses repères. Mais ces mouvements régressifs ne sont pas toujours de tout repos et peuvent se traduire par des comportements d’opposition, un rapport difficile au corps ou à l’hygiène, une grande pudeur vis-à-vis du parent de sexe opposé ou une rivalité avec le parent du même sexe, etc…
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Un corps en pleine mutation
D’une manière plus générale, il peut être difficile pour les adolescents de s’approprier un corps en pleine mutation. On assiste au mieux à un surinvestissement corporel (l’adolescent passe des heures devant le miroir, donne une grande importance à son apparence et au regard que les autres posent sur lui) , au pire à des comportements auto-destructeur : anorexie-boulimie, scarification, piercing excessif, enivrement par consommation d’alcool ou de drogues… il s’agit alors bien souvent d’attaquer ce corps surinvesti mais si difficile à apprivoiser.
Au quotidien, beaucoup d’adolescents vont témoigner, par leurs comportements, de leur ambivalence vis-à-vis de leurs parents. Aux périodes de régression (besoin de tendresse, de câlins…) succéderont ainsi des attitudes d’opposition et de rejet, comme pour jouer le jeu de l’affirmation et de la différenciation au sein de la famille (finalement bien plus rassurante que le monde extérieur).
Pour aller plus loin : consulter notre article sur l’adolescence
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Des chiffres préoccupants
En 2013, près de 15.000 jeunes français de 13 à 18 ans ont été interrogés par une équipe de l’Inserm (cf.Portraits d’adolescents. Enquête épidémiologique multicentrique en milieu scolaire en 2013. C. Jousselme, M. Cosquer et C. Hassler, Mars 2015), les résultats de cette étude nous en apprennent beaucoup sur la vie des adolescents du XXIème siècle.
Premier point, les ados s’interrogent fréquemment sur eux-mêmes et sur le monde qui les entoure, tout en portant un regard souvent pessimiste sur celui-ci. 38% pensent ainsi que « la vie ne vaut pas d’être vécue« . Des résultats qui peuvent inquiéter d’autant plus que, dans les moments difficiles, la majorité d’entre eux privilégie l’isolement et le repli sur soi à la recherche de soutiens extérieurs. 75% des filles et 57% des garçons déclarent préférer cette solution à écouter de la musique, voir des amis ou jouer aux jeux vidéos.
Cette tendance au repli peut même conduire, dans une minorité des cas, à des actes graves et désespérés. Chiffres extrêmement préoccupants, 7,8% des adolescents ont déjà tenter de se suicider et 9% se font souffrir « assez ou très souvent » (scarifications, brûlures…). La dépression concerne près de 20 % des adolescentes.
Autre point important, l’image que les adolescents ont de leur corps est souvent problématique.
40% des adolescents disent douter de leur image devant un miroir, ou se disent tristes lorsqu’ils s’observent.
Chez les filles, comme les garçons, la partie du corps perçue le plus négativement est le ventre, suivi des cuisses, du nez et des seins.
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Crise d’adolescence ou période de changement ?
Pour Alain Braconnier, psychiatre spécialiste de l’adolescence, auteur d’Adolescence et psychopathologie, l’idée de crise doit toutefois être relativisée. Pour lui, « la notion de crise d’adolescence est un peu passe-partout ».
Seul 10 à 15 % des jeunes est véritablement dans une détresse importante et la plupart des vont plutôt bien et n’auraient pas de raison d’aller consulter.
Mais, toujours selon A.Braconnier, « il y a aussi un groupe intermédiaire, un peu sur le fil, et ceux-là sont probablement plus nombreux que par le passé. On ne peut pas dire qu’ils vont vraiment mal, on ne devrait pas être trop inquiets pour eux, mais on sent que leur équilibre peut se jouer à peu de chose ». (cf.le cercle psy)
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Filles et garçons: des symptômes qui diffèrent
– Crise d’adolescence chez les garçons : une tendance aux passages à l’acte:
Les garçons vont plutôt avoir tendance à exprimer leur mal-être à travers des bagarres, des fugues, ou en séchant les cours. L’agressivité est donc généralement projetée vers l’extérieur plutôt que retournée contre soi et les tentatives de suicide sont ainsi moins fréquentes que chez les filles.
La consommation de drogues est un phénomène principalement masculin, de plus en plus répandu. En revanche, il faut souligner que, contrairement à une idée répandue, la consommation d’alcool n’a pas augmenté au cours de ces vingt dernières années.
Selon Marie Choquet, psychologue et ancienne directrice de l’Inserm : « les jeunes aujourd’hui sont moins consommateurs que leurs parents. Aujourd’hui le seul mode de consommation qui persiste chez les jeunes c’est l’ivresse. Or la France reste l’un des pays d’Europe où le comportement d’ivresse est le moins répandu. C’est le regard de la société qui a évolué… »
– Crise d’adolescence chez les filles : une violence retournée contre soi:
Les manifestations de la souffrance psychiques chez les adolescentes ont beaucoup évolué au cours de ces vingt dernière années ; Comme l’explique le psychiatre Xavier Pommereau : « Il y a 20 ans, le trouble principal chez les jeunes filles était la crise de spasmophilie. Aujourd’hui cela a pratiquement disparu. A la place, on va retrouver d’autres troubles tels que l’automutilation ». En effet, chez les filles, le mal-être s’exprime avant tout par des passages à l’acte auto-agressifs et une plus forte tendance à la dépression.
Phénomène particulièrement inquiétant, les tentatives de suicide des adolescentes ont augmenté ces dernières années. Les troubles du comportement alimentaire (anorexie et boulimie) sont également les témoins d’une violence projetée vers son propre corps.
Si pour les thérapeutes ces troubles sont de plus en plus fréquents, difficile de le vérifier d’un point de vue statistique. « Impossible de savoir si ces troubles progressent ou régressent, explique Marie Choquet, on n’a aucune donnée statistique ». En revanche les automutilations semblent être de plus en plus nombreuses chez les jeunes filles.
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Quand faut-il consulter ?
Les symptômes auxquels être vigilants
A partir de la puberté, de nombreux troubles psychologiques risquent de passer inaperçus. Trois grands types de signes d’appel indirects doivent éveiller l’attention des parents : les plaintes corporelles (maux de tête, maux de ventre, insomnies, manque d’envie, prise de poids rapide) ; les problèmes de comportement comme l’agitation (nervosité, agitation), le repli (apathie, tendance à se renfermer très fréquente, isolement) ou l’agressivité (transgressions, provocations, violence) et enfin les problèmes scolaires (baisse des notes, absentéisme, indiscipline).
Consultez notre article: Quand faut-il aller voir un psychologue pour un adolescent?
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L’anxiété à l’adolescence
L’anxiété est l’une des émotions les plus fréquentes à l’adolescence. Elle peut prendre différentes formes d’intensité variables allant de l’inquiétude à l’attaque de panique en passant par l’angoisse chronique ou les phobies sociales.
Cette anxiété prend la plupart du temps des aspects détournés. Chez les fille l’anxiété s’exprimera par des angoisses autour des maladies ou du corps, tandis qu’elle s’exprimera plus souvent par des conduites à risques chez les garçons. On retrouve chez les garçons comme chez les filles un recours à des consommations à risque : tabac et médicaments plutôt chez les adolescentes, cannabis et alcool plutôt chez les adolescents.
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Crise d’adolescence et dépression à l’adolescence
La dépression et un phénomène majeur à l’adolescence et il est parfois difficile d’en repérer les symptômes.
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Symptômes de la dépression chez les adolescents | |
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Adolescence et souffrance psychologique: conférence de Marcel Rufo
Les conférences de Marcel Rufo, pédopsychiatre, sont toujours un plaisir à écouter. il évoque la question des risques sur la santé psychique des jeunes mais plus généralement sur ce qui se joue dans l’adolescence en posant toujours sur ces derniers un regard attentif et bienveillant.
Enregistré lors des Rencontres Prévention Santé 2019, la conférence intitulée , »La santé mentale des jeunes : y a-t-il urgence ? » s’inscrit dans une journée d’étude autour du thème: « Être jeune nuit-il gravement à la santé ? ».
Crise d’adolescence : Sources et bibliographie
Jean E. Dumas, Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, Louvain-la-Neuve, De Boek,
Marcelli D. et Braconnier A., (1995), Adolescence et psychopathologie, Paris, Masson, 4e éd.
Pierre G. Coslin, Psychologie de l’adolescent, Armand Colin,
Kestemberg É., (1980), « Notule sur la crise de l’adolescence. De la déception à la conquête, Revue française de psychanalyse », Paris, t. XLIV, 3-4, p. 523-530.
Widlocher.D, (1978), « La question du normal et du pathologique à l’adolescence », Revue Neuropsychiatrie Infantile.
Arnoux D. J., (1999), La dépression à l’adolescence, Paris, In Press.
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Auteurs/autrices
Psychologue et psychothérapeute pour le cabinet Psy-enfant, je travaille également en crèche et en Ehpad. Formée aux tcc pour enfants, je suis spécialisée dans le travail auprès des enfants, des adolescents et des familles.
Voir toutes les publicationsPsychologue et psychothérapeute en cabinet libéral et en CMPP, Vincent Joly est professeur à l'université Paris Descartes auprès des étudiants de Master. Il a publié avec Pierre Gaudriault : Construire la relation thérapeutique, prévenir l'abandon précoce des thérapies (éditions Dunond).
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Je suis une maman qui arrive à Phase Terminal 😥 tellement fatiguée par ce que je subie par mon ado !!!! Il fait n’importe quoi 😥 provoquateur pas de limite tête dur attend ces 18 Ans le 17 Août pour quitter la maison 😥😥😭 il me fait vraiment peur !!!! Que faire ????? J’ai même fait appel au grand frère sans réponse et à la mission locale Non plus que faire je suis vraiment malade de tout ça je cherche de l’aide 🙏🙏🙏🙏🙏
J’ai étais séparer de ma fille quand elle avais 4 mois car son père a tenter de me tuer en 2000 elle as étais placer dans une famille d’accueil et je me suis battue pour la récupérer elle avais que 3 ans quand j’ai pu la récupérer elle a fait ses premiers pas avec sa famille d’acceuil !mais cette famille d’acceuil La prenais comme sa fille au point de me demander l’adoption de ma fille de même dormir avec elle et aussi de l’embrasser sur la bouche comme si c’était sa fille !ma fille penser que c’était sa mère et je n’ai pas supporter sa !j’ai perdue du temps avec ma fille et surtout ses trois première année et elle m’a toujours rejeter mon amour maternelle ont arrive même pas à ce prendre dans les bras elle as 20 ans !je suis triste et ont ce supporte plus je sais plus comment faire pour que sa s’areange Elle l’as Fait aussi beaucoup de reproche alors que nous avons toute les deux subit ce mal être ensemble !je n’ai même plus l’impression que c’est ma fille je suis triste et en dépression !au secours svp
Bonsoir madame , je vous comprend je vie la même chose c’est très dure mais ne baisser pas les bras . J’ai perdu 10 kilos j’ai l’impression d être en deuil . Je ne vie plus , j essaye de ne pas baisser les bras . Nous n’avons pas le droit de baisser les bras c’est nos enfants . Ils souffrent tous autant que nous . C’est très dure de nos jours d’être jeunes . Il me cause beaucoup de soucis mais je croit en un avenir meilleur temps que nous ne baisserons pas les bras . C’est très très très dure certe mais dite lui tous les jours que quoi qu’il vous fasse subir vous continuerai à l’aimer . Dit lui que vous l’aimer , il ne vous le montrera pas mais ça va lui faire beaucoup de bien et lui soigner ses blessures intérieur . Envoyer lui un texto » je t’aime mon fils «
Comme je vous comprends, je me sens complètement seule et perdue . Mon fils est de plus en plus agressif, se moque de moi en permanence en manipule tous le monde. Je lance un SOS
Bonjour,je suis une ado curieuse qui veux se connaître,je me rends compte que j’ai fait subir des oreures a ma Mère , mais je reste une ado tout le temps en colère 😶 bref en temps qu’ado ,je vous conseille de ne pas s’approcher de vos ados ,je les comprends, ça va passer.. 🙋
Je ne sais plus quoi faire pour mon fils désespérée
Bonsoir!j’ai rencontrer énormément de difficultés dans ma vie j’ai une fille de 20 ans avec qui je m’entand Plus il ne dure pas une journée sans quand ce dispute sa nous pourrit la vie et elle fait n’importe quoi !ma vie familiale dévient un enfer !j’ai deux autres enfants de 16 et 17 ans avec qui sa ce passe bien !mais avec elle nous avons traversée de dure moment de séparation à plusieurs reprise suite à des violences conjugales et plus rien ne vas entre nous .a l’aide svp
C’est tellement triste de voir des gens souffrir à cause d’un être cher, j’ai lu avec beaucoup de peines vos textes et ça me touche vraiment le coeur, je suis une fille âgée de 24 ans, je vis avec ma famille, c’est vrai que dans toute famille il y a toujours des problèmes, incluant la mienne mais je peux dire avec force que mes parents sont fiers de moi parce que je suis plutôt sage et obéissante, je les écoute toujours et je cherche toujours à les rendre plus fiers par mes capacités et les progrès que je fais dans la vie.